Fabrice Personnaz, le chapoteur de Bessans

Le chapoteur, voilà un drôle de nom ! Depuis 1994, il orne la galerie d’art créée en plein centre de Bessans par Georges, le papa de Fabrice. « Chapoter, ça veut dire, en patois savoyard, tailler un morceau de bois. Enfant, j’étais turbulent, maladroit et je n’avais pas le droit de manipuler des couteaux et gouges. » Depuis, Fabrice s’est bien rattrapé ! À l’aube de ses 20 ans, il se met à donner forme au bois, en attendant les touristes dans l’annexe de l’office de tourisme sur le bord de la route qui monte à Bessans. « Mon père m’a transmis son savoir-faire et au début des années 2000, j’ai repris le flambeau quand il est parti à la retraite. Je partage mon temps entre le ski, en tant que moniteur l’hiver à Bonneval, les chambres d’hôtes que je propose et la galerie qui m’occupe beaucoup. »

Ange ou démon ?

La sculpture sur bois est arrivée à Bessans grâce à un valdôtain bloqué sur place un hiver en raison de la neige. Depuis plus de 4 siècles, elle s’épanouit dans l’art religieux. « On sculpte beaucoup de Saints ici mais aussi des poules à sel, des marmottes, des chamois et le fameux diable ! » Ce symbole de Bessans découle de légendes mais pas que. En 1857, un chantre, en conflit avec le nouveau prêtre, sculpte un diable à 4 cornes portant sous son bras un curé et le lui dépose sous ses fenêtres. Fabrice s’amuse aujourd’hui à détourner la figurine : « J’ai créé une diablesse et mes diablotins portent sous le bras des avocats, des voleurs ou même un Laurent Gerra miniature commandé par les copains de l’humoriste pour ses 50 ans ». Ses pièces peuvent aller jusqu’à 1 mètre de haut comme le diable qui trône sur la place de la mairie depuis 2021, pour remplacer l’ancien trop abîmé.

Le diable se cache dans les détails !

« Chaque diable est différent selon mon humeur du jour et la pièce de bois que j’utilise. » Fabrice sculpte, comme ses ancêtres, un bois local issu du pin cembro. Il aime travailler seul et en musique dans son atelier. Les heures défilent au rythme des patron, ébauche, dégrossissage, finition, ponçage, teinte et cire... Ses figurines voyagent dans le monde au gré des achats des touristes ; quelques-unes se retrouvent même sous le feu des projecteurs au nouveau Musée Savoisien à Chambéry ou encore au Mucem à Marseille. Le talent n’a pas de limite !

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Crédit : Fabrice Rumillat