La Savoie, on l'aime nature #5 : le sentier botanique de Le Châtel

écrit le 24 juin 2020

Entre forêt de chênes et pelouses sèches, cet itinéraire très ensoleillé a des airs de sud de la France en plein cœur de la vallée de la Maurienne ! Une petite pépite de biodiversité qui abrite des espèces végétales et animales plutôt inattendues en Savoie… C’est l’occasion aussi de découvrir un joli point de vue paysager sur le village du Châtel et la vallée.

A la lisière…

Ce sentier botanique de 4,6 km vous emmène à flanc de montagne, entre 850 et 1000 m d’altitude, sur le versant des Plagnes qui couvre 13,6 ha. Ce secteur a la particularité de profiter d’un ensoleillement exceptionnel. Une caractéristique qui lui donne un cachet très méditerranéen quand on s’intéresse aux espèces qu’il abrite…

Entre milieux ouverts et boisés, le sentier chemine à la lisière d’espaces que tout oppose ! D’un côté une forêt et, de l’autre, des pelouses sèches dont une partie de pelouses steppiques, très rares à l’échelle régionale.

Un tapis herbeux ras et parfois clairsemé, sur un sol sec, chaud et pauvre en nutriments : à première vue, ce n’est pas un décor de carte postale ! Et pourtant, les pelouses sèches recèlent des trésors de biodiversité. Pour s’y développer sous l’effet conjoint du pâturage, du soleil et de la chaleur, les espèces végétales présentes, pour certaines rares et protégées, font preuve de beaucoup d’ingéniosité. C’est le cas par exemple du thésium à feuilles de lin : depuis un premier pied, elle fabrique des tiges rampantes à l’horizontale, appelées stolons, au bout desquelles se forme un bourgeon qui, en contact avec le sol, s’enracine et donne un nouveau pied. Comme les fraisiers de nos potagers !

A quelques mètres seulement de ce décor de steppe, place à une forêt de chênes pubescents (ou chênes blancs) et d’érables de Montpellier, deux espèces d’origine méditerranéenne. C’est ici aussi, à l’ombre des arbres, qu’une espèce d’orchidée protégée, devenue rare, a élu domicile : l’épipactis à petites feuilles, reconnaissable à sa grande pilosité, en particulier sur sa tige. Pour contribuer à sa sauvegarde, contentez-vous de l’observer mais ne la cueillez pas !

Thesium_linophyllon, Crédit : Gilles Pache

Comprendre l’intérêt écologique des lisières

La lisière correspond à l’espace de transition entre deux milieux naturels, le plus souvent un boisement et un milieu à la végétation plus basse. C’est le cas ici, entre la forêt de chêne et les pelouses du sentier botanique.

Ecologiquement, c’est un espace très intéressant. Elle est souvent très riche en biodiversité, car elle accueille les espèces végétales et animales des deux écosystèmes qui la bordent et de surcroît des espèces propres à sa présence. Elle peut rendre aussi des services à ses milieux voisins en atténuant l’effet du vent par exemple ou aux espèces animales en servant de corridor pour faciliter les déplacements.

Au royaume des insectes

Les pelouses steppiques sont le royaume des insectes et notamment des criquets. S’ils sont particulièrement discrets, ces petits habitants n’en sont pas moins remarquables !

Armés de patience, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir le criquet des garrigues. Très fréquent dans les milieux secs et rocailleux du sud de la France, il n’a été repéré que dans 5 secteurs en Savoie. Au Châtel, c’est une toute petite colonie d’une dizaine d’individus qui se cacherait dans les secteurs les plus pentus et dans les pelouses très rases.

Autre hôte tellement discret qu’il y encore 10 ans sa présence était inconnue en Savoie, le barbitiste empourpré est un petit criquet d’environ 3 cm amateur de buissons denses et épineux. Malgré des couleurs très vives (rouge, jaune et verte), il est difficile à repérer car il émet des sons inaudibles pour l’oreille humaine et se déplace lentement, sans sauter.